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Covid-19 : ce que l'on sait de la suspension du vaccin AstraZeneca dans plusieurs pays dont la France pour des soupçons d'effets indésirables

L'Agence européenne des médicaments doit se prononcer jeudi sur un lien éventuel entre le vaccin et des cas de thromboses.

Article rédigé par franceinfo
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Le vaccin AstraZeneca a été suspendu au Danemark, en Islande et en Norvège. (ARTUR WIDAK / NURPHOTO / AFP)

Nouvelle polémique autour du vaccin AstraZeneca. La France a suspendu, lundi 15 mars, la vaccination contre le Covid-19 avec ce produit développé au Royaume-Uni avec l'université d'Oxford. Une annonce faite par Emmanuel Macron à la suite d'une décision similaire de l'Allemagne, quelques heures plus tôt. Comme dans de nombreux autres pays européens qui ont pris une décision similaire, l'inquiétude porte sur l'apparition de cas de caillots sanguins chez des personnes ayant reçu ce vaccin. S'agit-il pour autant d'effets indésirables du produit ? Aucun lien de cause à effet n'a pour l'instant été établi. L'Agence européenne des médicaments (EMA) doit rendre un avis jeudi. Franceinfo fait le point sur cette affaire.

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De nombreux pays reviennent sur son utilisation

C'est le Danemark qui a ouvert le bal, en annonçant jeudi matin un arrêt de l'utilisation de ce vaccin jusqu'à nouvel ordre, par précaution. Le pays a pris cette décision après le décès d'une personne qui avait reçu le vaccin, ainsi que d'autres cas graves. Le Danemark a rapidement été imité par l'Islande puis la Norvège, vendredi, la Bulgarie samedi, et l'Irlande et les Pays-Bas dimanche. Puis, lundi, l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne, la Slovénie et le Portugal ont eux aussi suspendu l'utilisation du vaccin AstraZeneca. Hors de l'Europe, la Thaïlande, l'Indonésie et la République démocratique du Congo ont retardé le démarrage de leurs campagnes de vaccination avec ce vaccin, qui s'apprêtaient à débuter.

Ces décisions interviennent quelques jours après la suspension partielle – sur un lot précis, et pas sur l'ensemble des vaccins AstraZeneca – décidée en Autriche après le décès d'une infirmière de 49 ans qui a succombé à de "graves troubles de la coagulation" quelques jours après l'avoir reçu. Quatre autres pays européens, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg, avaient suspendu dans la foulée les vaccinations avec des doses provenant de ce lot, livré dans 17 pays et qui comprenait un million de vaccins. Mais une enquête préliminaire de l'Agence européenne des médicaments (EMA) a souligné mercredi qu'il n'existait aucun lien entre le vaccin d'AstraZeneca et le décès survenu en Autriche.

Jeudi, c'est l'Italie qui avait suspendu un autre lot du vaccin AstraZeneca, rapporte l'agence de presse Ansa. Cette décision fait suite aux morts suspectes en Sicile d'un soldat après un arrêt cardiaque et d'un policier, quelques jours après leur vaccination avec ce lot. Mais les causes exactes de ces deux décès et leurs liens éventuels avec le produit restent à établir. La Roumanie a également suspendu ce lot.

La France a changé d'avis en quelques heures

Jeudi, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, Olivier Véran avait estimé qu'il n'y avait "pas lieu de suspendre" les injections du vaccin d'AstraZeneca en France. "Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade", avait ainsi affirmé le ministre de la Santé. Il indiquait avoir pris cette décision après avoir saisi l'Agence nationale de sécurité du médicament.

"Si j'avais le moindre doute, absolument, je demanderais la suspension", affirmait toujours Jean Castex dimanche, invité par le journaliste de franceinfo Samuel Etienne sur la plateforme Twitch. Il assurait alors n'avoir aucun élément en ce sens et appelait à "avoir confiance dans ce vaccin".

Selon des sources gouvernementales jointes par franceinfo et France Télévisions, Paris et Berlin s'étaient entendus pour attendre les conclusions de l'EMA avant de trancher. C'est le revirement de l'Allemagne, et l'annonce surprise d'une suspension des injections du vaccin AstraZeneca lundi, qui a poussé la France, "prise de cours", a lui emboîter le pas.

Des craintes mais aucune certitude

La suspension au Danemark intervient "après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes qui ont été vaccinées avec le vaccin d'AstraZeneca", indiquait jeudi l'autorité sanitaire danoise pour justifier sa décision, en soulignant que cette décision relevait de la "précaution" en attendant des conclusions des enquêtes sanitaires. Et d'ajouter qu'"à l'heure actuelle, on ne peut pas conclure à l'existence d'un lien entre le vaccin et les caillots sanguins""Vu le nombre de personnes vaccinées, il est difficile pour moi de croire qu'il y ait un véritable problème, mais c'est important qu'une enquête approfondie soit menée", a déclaré à l'AFP Allan Randrup Thomsen, professeur de virologie à l'université de Copenhague.

En France, un seul cas de thrombose chez une personne ayant reçu ce vaccin a été signalé, a indiqué à franceinfo Annie-Pierre Jonville-Béra, présidente du Réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance, lundi. "En France, nous n'avons pas de problème avec ce vaccin. Nous n'avons pas non plus d'argument pour dire que les problèmes signalés sont directement en lien avec ce vaccin", a-t-elle expliqué, tout en jugeant "légitime" d'appliquer temporairement un principe de précaution.

Selon l'Agence européenne des médicaments, seuls 22 cas de thromboses avaient été signalés à la date du 9 mars pour plus de trois millions de personnes vaccinées dans l'Union européenne, en Norvège et en Islande. Lundi, l'EMA a insisté sur le fait que la fréquence de ces problèmes de santé chez les personnes vaccinées "ne semble pas plus importante" que celle observée dans le reste de la population, et maintenu qu'en l'état des connaissances, et en attendant son avis jeudi, la balance bénéfice-risquait restait en faveur du vaccin AstraZeneca. L'OMS, de son côté, a annoncé réunir un comité d'experts mardi et s'est prononcée contre la suspension de la vaccination.

AstraZeneca défend son produit

Dans un communiqué publié dimanche 14 mars, le groupe AstraZeneca a indiqué qu'un "examen attentif de toutes les données de sécurité disponibles sur plus de 17 millions de personnes vaccinées dans l'Union européenne et au Royaume-Uni" avec son vaccin "n'a apporté aucune preuve d'un risque accru d'embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde ou de thrombocytopénie dans aucun groupe d'âge, de genre, de lot ou de pays particulier"

Dans l'UE et au Royaume-Uni, des thromboses veineuses profondes et des embolies pulmonaires ont certes été rapportés chez les personnes vaccinées, mais "beaucoup moins que cela ne surviendrait naturellement dans une population générale de cette taille et similaire", a souligné le laboratoire britannique.

Londres a d'ailleurs défendu le vaccin AstraZeneca, le jugeant "sûr et efficace" et assurant qu'il serait toujours administré outre-Manche. Le Royaume-Uni a déjà injecté une première dose de vaccin à plus de 22 millions de personnes, utilisant pour l'heure uniquement les vaccins de Pfizer-BioNTech et d'AstraZeneca.

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